CE GAUDI, CATALAN, QUAND MEME !
En avril dernier, je passai un week-end à Berlin. Un an plus tard, je découvre Barcelone. Un week-end nomade en solitaire une fois l'an, c'est pas trop exagéré, non ? Eh ben, Aurore a trouvé le moyen de faire une poussée de fièvre à l'école tandis que je survolais les Pyrénées dans un gros navion. Le centre de loisirs m'a appelée, m'a fait la morale. Oh la vilaine mère que voilà ! Or, c'était au papa et à sa mère de prendre le relais le temps d'une semaine de vacances. Mais bon, les mères célib sont des salopes en puissance, c'est bien connu ! Car il leur arrive d'avoir envie d'une once de liberté.
Je suis allée voir ma copine Leeloolène, qui séjourne dans la capitale catalane pour son boulot. J'ai pris des transports divers (un train, un métro, un bus, un avion low cost, re-un train, re-un métro) pour économiser des sous et pouvoir m'acheter des robes barcelonaises. J'aime beaucoup les robes... Et la robe barcelonaise est le must de la robe.
Ça m'a pris 7 heures. Leeloolène, elle se demandait ce que je foutais. Elle s'est même endormie sur son bureau. Je faisais des détours. Parce que je parle pas l'espagnol. Ça m'avait pas dérangée quand j'étais à Berlin, mais là plus, quand même. Je parle pas l'espagnol, j'avais pas de plan, et j'aime pas demander mon chemin... D'où d'inévitables circonvolutions.
Leeloolène m'a montré la vie locale, qui ne se dit pas la "vida loca", contrairement aux apparences. L'espagnol est une langue spécieuse... Elle m'a fait boire – sous la contrainte (toute dénégation de la personne incriminée ne saurait être considérée sérieusement) – un mojito, dans un bar dont la déco aurait fait grimper Valérie Damidot aux rideaux. Sauf qu'il n'y avait pas de rideaux. Mais quand tu as bu un mojito de Barcelone, tu crois qu'il y en a. Ce qui peut être périlleux si tu décides d'en faire l'ascension. Moi, j'avais aucune raison de grimper aux rideaux (hélas...), mais ça m'a quand même fait un effet bizarre: j'avais les yeux qui communiquaient plus les informations à mon cerveau. Ce qui complique un peu les déplacements, même sur le plancher des vaches. Je suis pas sûre, mais à mon avis, il y avait de l'alcool dans ce truc... Quand je fus de nouveau étanche, c'est-à-dire le lendeman, Leeloo m'a aussi fait découvrir les petites rues, pleines de linge qui sèche aux fenêtres et de boutiques de créateurs argentins.
En revanche, je n'ai pas eu besoin d'elle ni de parler espagnol pour trouver mes robes. Avec un instinct du shopping très sûr, je suis tombée direct sur la bonne rue, et le bon magasin. Tu me perds dans la pampa ou sur la banquise, et en deux temps trois mouvements, je te dégotte le top de la robe argentine ou arctique. Quoique mes goûts personnels me pousseraient plus vers la cotonnade sud-américaine que vers la peau de renne septentrionale.
Et c'est dans la même artère barcelonaise, Passeig de Gracia, que je suis tombée nez à nez avec une maison belle comme un rêve surréaliste.
Je m'y attendais pas. J'avais rien préparé, en fait. Je connaissais le nom de Gaudi, j'avais vu des photos de la Sagrada Familia. Mais je pensais que c'était une espèce d'incongruité dans la ville. Pas que cela signait son identité. Je suis un peu conne, je sais, mais l'Espagne, c'est pas mon truc, à la base. La paella, le chorizo, les castagnettes, la corrida, Julio Iglesias, Almodovar… tous ces machins indigestes, je suis pas cliente. Du coup, je ne savais pas que la grâce architecturale pouvait se trouver à chaque coin de rue barcelonaise, entre deux bâtiments insignifiants, et vous tomber sur le coin du nez sans prévenir. Ça m'a fait un choc.
Après, sous le coup de cette baffe artistique, j'ai voulu faire le "total tour" Gaudi. Mais j'ai chopé la nausée. Trop de touristes. Une marée humaine de lunettes papillons et de mecs en shorts. Car le short est non seulement un terrible tue-l'amour, mais aussi - j'ai pu le constater - un redoutable tue-l'architecture (il faut que je reparle du short pas plus tard que très bientôt...)