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Lame de fond
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23 avril 2011

SHORT STORY

Après Barcelone et ses mojitos, Bayeux et sa tapisserie. Je sais, lecteur, tu m'envies cette vie exaltante. Surtout pour Bayeux, en fait. Tu as bien raison, l'épopée de Guillaume le Conquérant, quelle émotion ! Non, je déconne. Nausicaa : "Maman, elle fait au moins 1 km, cette tapisserie !" Non, 70 m seulement, mais c'est déjà très très long, lorsque tu fais la queue derrière un groupe de touristes néerlandophones, drivés par un guide immense et chauve qui narre en détail (très détaillés, les détails) la trahison de Harold, en effectuant de grands moulinets avec les hélices qui lui tiennent lieu de bras ("Ach Harold, gross villain..." Le flamand est un subtil mélange d'anglais et d'allemand.) En short, le guide.

Ach ! Le short (sehr ugly, de short). Je hais le short. Dans le village normand Cailloux et Congés, où je crèche pour la semaine, c'est l'uniforme masculin. Assorti de tennis ou de claquettes. Cet étalage de mollets poilus, trop maigres ou trop dodus, et de genoux grassouillets ou cagneux, est une insulte à la décence et au bon goût ! A quand la burqa pour les mollets velus, avec un petit grillage pour dissimuler les orteils. 

Le short, c'est mignon sur les enfants et les ados. Mais au-delà de 18 ans, cela relève du fashion faux-pas, pour ne pas dire du fashion attentat. Si ça ne tenait qu'à moi, ce serait la taule sans procès pour ces terroristes de la mode. Allez, hop, direct Guantanamo. D'autant que c'est le climat idéal pour arborer son flottant en tergal beige. Non, non, je suis pas excessive, faut éduquer les masses. Puis merde, comment voulez-vous que je tombe amoureuse si tous les mecs s'habillent comme des arbitres de foot (ou des footballeurs, mais sur les sportifs, c'est quand même moins hideux. Tu prends Yannick Noah, au hasard, même à 50 balais, ça lui va très bien, le short. Enfin, j'imagine, car il vient rarement en vacances à Cailloux & Congés).

En fait, il n'y a pas que les shorts qui sont moches. Disons qu'ils sont à l'image des couples clients de l'endroit. Ils sont avachis et ont l'air de s'emmerder grave de chez grave. Comment dire, c'est comme s'ils avaient abdiqué leur état de mari et femme pour n'être plus que des parents. Qui ne se font pas de cadeaux pas, en plus. Ce matin, à la piscine, une mère excédée à son petit mioche : "Ah, ton père a encore oublié les habits de rechange !" J'ai eu l'impression de m'entendre... deux ans en arrière.
Planquée derrière mes bouquins*, je les observe et je ne sens pas chez eux l'envie de se plaire. Je ne parle pas seulement des fringues, mais surtout d'une attitude. D'un manque d'attention à l'autre. Voire d'un manque d'attention à l'attention de l'autre.
Punaise, ai-je envie de leur crier, faites un effort ! Faites-moi rêver, donnez-moi l'envie d'avoir envie, comme dirait Johnny (qu'on n'a jamais vu en short, que je sache !). Et puis, pensez à vous. Parce que sinon, d'ici deux ans, vous partirez en vacances sans Pépère ou Bobonne…

 

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(Pour les pépettes, no soucy, Cailloux et Congés, c'est l'éclate !)

 

 

* C'est un peu chiant, la Normandie. Du coup, ça laisse du temps pour la lecture.
Les visages, de J. Kellerman. Très bon polar dans le milieu de l'art contemporain.
Quand souffle le vent du nord, de D. Glattauer. Roman épistolaire surcoté et machiste.

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom, de B. Constantine. Sympathique petite histoire, un peu facile, qui donne l'impression qu'on pourrait écrire un roman, nous aussi.
Le monde à ses pieds, de G. Maillet. L'histoire romancée d'un top-model russe qui s'est défenestré en 2008. Moins “sympathique” que le précédent, mais mieux écrit.

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
C
Dis, Beloubelette, il nous faut des photos, là... :-)
B
Le couteau se retourne douloureusement dans ma plaie... après mon daddy qui se moque d'enfiler des sandales avec des chaussettes(aux élastiques enlevés en partie pour ne pas faire mal aux varices...) voici que fiston à la maison a la flemme de tendre le bras pour attrapper des chaussons(;-)) et n'est aucunement gêné de garder chaussettes de sport et tongs... (épaisses...les chaussettes, ça relève tout de même de l'exploit!!!)et tout cela se pase bien dans notre métropole hihi!AïeAïe!
C
Sandales et chaussettes : le must. Mais chaussettes relevées, sinon c'est pas du jeu. On en a un stock impressionnant, dans ma contrée pas natale. Après les plaques d'immatriculation de chaque État, les obèses de dos, je lance ma nouvelle collection en images : la chaussette/sandale et la chaussette/tong. Elle sera inépuisable, celle-là... Et bien entendu, preneuse d'orteils exotiques (bin oui, vu d'ici, la Normandie, c'est rudement exotique).
B
...Bourgoin? Et je te ferai oublier l'envie de lire juste le temps de ton séjour...<br /> Chapeau tes critiques littéraires efficaces et ... efficaces.
L
C'est radical ! Les bibli doivent avoir un succès fou, là-bas ! Et j'ai réussi à dégotter la seule librairie de Deauville. Pas loin, du "livre" préféré de ce grand couillon de Lefebvre, "Zadig et Voltaire" (la concentration de boutiques chics dans cette ville… impressionnant quand même).
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