AVOCATE DE LA DÉFENSE
Je pensais récupérer mes filles ce week-end. Sans savoir que mon ex avait demandé à sa mère de les prendre quelques jours. La communication entre nous, c'est pas trop ça. Il n'est pas le seul à blâmer... C'est comme le reste : moins on se parle, moins on a envie de se parler. Remarque, c'était déjà le cas avant.
J'ai donc demandé aux pépettes de trancher. Voulaient-elles rentrer ce week-end ou rester quelques jours de plus chez leur grand-mère ?
Aurore a pris une voix désolée pour me dire qu'elle souhaitait rester chez sa mammy. Elle devait penser que j'allais être super triste (et s'en réjouir un petit peu. Je la connais, la sale bête. Je suis pareille, un peu sadique sur les bords).
Nausicaa, elle, aurait préféré rentrer. Pas pour me voir, moi sa Mère, idéal absolu de maternitude parfaite, mais pour retrouver ses copines au centre de loisirs. Sans déconner.
J'étais un petit peu vexée. Mais pas trop quand même. Du coup, j'ai laissé parler mon cœur de mère indigne et tranché en faveur de la benjamine. Si Nausicaa avait souhaité retarder son retour à la maison, c'est elle qui aurait eu gain de cause. Pas de jalousie dans la fratrie. J'ai des principes d'éducation : je fais toujours au mieux de mes intérêts.
Ainsi donc, j'ai eu droit à un ultime week-end en solitaire. Ce fut l'occasion de redécouvrir un plaisir perdu de vue... Ben non, pas celui-là, banane ! J'ai refait du roller. Au passage, je me suis pris une traverse métallique dans la tronche, et j'ai un œil au beurre noir. C'est dommage, car c'est le droit, et il est très joli, comme œil.
Deux jours de suite, je suis allée à La Défense sur mes patins. Vingt ans que j'habite Paris, vingt ans que j'évitais ce quartier. J'avais tort. C'est beau, La Défense. La Grande Arche, la perspective sur Paris, les sculptures à ciel ouvert, la voûte du Cnit, les tours superbes. Travailler dedans, je sais pas. Mais de l'extérieur, c'est grandiose.
Samedi, j'y ai vu un film super rigolo, Mes meilleures amies, avec ma copine Anne, qui est en train d'en devenir une, de mes meilleures amies.
Et dimanche, j'ai voulu aller m'acheter un bouquin à la Fnac du Cnit (à répéter cinq fois très vite. Bravo, tu as gagné un caramel). Eh ben, figure-toi que j'ai eu la nausée devant les centaines de bouquins de la rentrée littéraire. Toutes ces piles, ces couv', ces titres, ça me sortait des yeux. J'avais mal au ventre. Je suis partie en courant.
Six cent cinquante-quatre livres ont été publiés pour cette rentrée littéraire. Six cent cinquante-quatre.
J'ai pas acheté de bouquin. Mais j'ai pensé à mon rêve à moi, d'avoir un jour mon nom sur une couverture. Et je me suis demandé si le jeu en valait la chandelle.