LES FOSSILES ET LA MARTEAU
Sous le ciel ardoise, la mer avait des reflets verdâtres. Des bourrasques faisaient voler violemment mon écharpe, tentant de m’étrangler sur la grève. Après deux heures d’autoroute, j’avais monté mon sac dans la chambre d’hôtel sans charme, pour repartir aussitôt arpenter la plage déserte. Sur l'avenue du bord de mer, presque tous les volets étaient fermés. Morte saison.
Seule face à l’océan, la mine renfrognée dans le vent humide, je m’autoflagellais : “Qu’est-ce que je fous là ? Je suis complètement marteau d'être venue dans ce bled…”
En m’approchant de la falaise des Vaches noires, j'ai découvert les premiers amas de galets, laissés par des milliers de Petit Poucet aquatiques. J’ai commencé timidement ma collecte. J’ai posé les yeux sur une première merveille minérale, puis une autre… Coquillages pris dans la roche, éponges fossilisées ou simplement jolis cailloux… Bizarrement, j’ai pensé : “Je suis tombée sur un coin à champignons !” J'ai revu ma mère dans le bois de Barcerols, qui connaissait tous les endroits à cèpes, tandis que mon père revenait bredouille de la cueillette.
En mal de mère.
Plus loin, après l’école de voile, un deuxième “coin à champignons”. Deux heures durant, j’ai parcouru l’estran, grimpant sur les rochers en bottines à talons, manquant glisser à chaque pas, euphorisée par la beauté de la nature, les bulles d'écume qui jouaient avec la lumière, l’air iodé, les minéraux qui passaient de mes mains à mes poches, vite trop petites, puis à mon sac à dos, bientôt trop lourd. Je pensais au loup du Petit Chaperon rouge, et à son ventre rempli de lourdes pierres.
Je suis revenue le lendemain matin en traînant les pieds. Le vent était encore plus hostile, le ciel n’était plus ardoise, mais de cette teinte anthracite qui est comme un avant-goût de fin de monde. Cette fois, j’avais mis des bottes en caoutchouc. Et de nouveau, j'ai été prise par cette fièvre : le plaisir de chercher les petites bêtes pétrifiées par les roches magiques de Villers-sur-Mer.
Trois bonnes adresses à Villers-sur-Mer :
Le salon de thé de l’hôtel Outremer. Super déco, bon accueil, carte des thés alléchante et gâteaux maison canon. L’hôtel a l'air top aussi, mais c’est plus cher que l’Ibis. ;)
Le restaurant Le Marais, au Paléospace. Cuisine inventive et savoureuse, à un prix abordable. Service un peu insistant, mais c’est un point de vue personnel : j’aime pas qu’on s'approche de ma gamelle et qu’on me parle quand je mange !
Et une boutique (dont je n’ai pas retrouvé le nom), dans la principale rue commerçante, qui vend des spécialités normandes, notamment des madeleines de la biscuiterie Jeannette. Nausicaa est inconditionnelle de celles au caramel. Aurore préfère les nature.
Et pour le refrain et la voix de Calo :
Passi & Calogero - Face a la Mer