AND THE WINNER IS… NORBERT
T'inquiète, j'ai bien vu la même émission que toi. Je sais bien que c'est Jean le gagnant de cette édition 2012. D'ailleurs, on peut féliciter les story-tellers de Top chef qui, en une émission, ont fait de la tête à claques number one du programme le gars le plus sympa du quartier. Ils nous l'ont changé, le Jeannot ! On l'a découvert humain, vulnérable (“Mes adversaires, je les crains. […] Je me sens pas bien, j'ai envie de pleurer.”), vanneur sympa et doté de l'esprit d'équipe (“Les membres de mon team, je les aime, j'ai envie de prendre une photo !”). Boulot d'équilibriste pour cooliser le vainqueur du concours, alors qu'ils en avaient fait le gars le plus haï d'Internet depuis deux mois.
Si demain la France passe sous régime dictatorial, faut que le futur despote embauche les gars de M6 pour sa propagande. Redoutablement efficaces.
Alors oui, Norbert a raté l'épreuve de l'Orient-Express, le train qui devait l'amener à la finale, et qui l'a reconduit direct au vestiaire de Top chef, mais c'est quand même lui qui a fait le show. Jusqu'au bout. Il a même chanté du Carla Bruni. Ce qui dénote un moral à toute épreuve (et une culture musicale à chier).
Pour l'ultime épreuve, Jean l'a choisi pour l'assister (“Il va mettre une bonne ambiance et il tabasse”, a justifié le futur vainqueur). C'est aussi Nono qui a poussé le cri de guerre de l'équipe (“Ça c'est un cri qui vient du slip”). C'est encore lui qui a sauvé la garniture de macaronis du chevelu…
Mais Norbert était aussi présent dans le camp de l'outsider. Car il est entré dans le corps de Cyrille. L'Auvergnat, dont perso j'ai toujours pas compris le style de cuisine, s'est mis à parler le Norbert couramment. “Je suis en mode machine de guerre”, s'est-il exclamé. Puis deux minutes plus tard : "Je suis en mode sportif !” (Quand tu vois le gars Cyrille, tu rigoles doucement, mais passons…). Et encore deux minutes plus tard : “Je suis en mode Orient-Express à fond !” Bon, on notera le peu de variété dans l'expression, mais l'influence norbertienne est incontestable. On l'a même entendu pousser un cri de guerre. Si, si, Cyrille a poussé un cri de guerre. On aurait dit un poussin qu'on égorge, mais l'intention était là.
Au cours de cette finale, Norbert était partout. Aux côtés de Jean, en Cyrille. Mais c'est aussi à lui qu'on doit la minute d'émotion de l'émission lorsque, éliminé du concours, il a dit à la caméra-son-amie : “Non, non, je suis pas déçu. J'ai compris qu'il y avait plus fort que moi. Je suis même fier, j'ai enfin vécu mon rêve. L'expérience de ma vie, c'est Top chef. Je suis arrivée comme un puzzle défait, et j'ai remis toutes les pièces en place. J'ai trouvé ma ligne de conduite, ma colonne vertébrale, qui j'étais vraiment.” Grâce à Top chef, Nono a revisité chef Socrate, réputé pour sa sauce maïeutique, celui qui intimait à ses commis : γνῶθι σεαυτόν (“connais-toi toi même !” Socrate écrivait en langage codé pour faire son intéressant.)
Alors oui, Jean a gagné ses dix plaques. Il va pouvoir ouvrir un second restaurant dans un quartier branché, ou un salon de coiffure à Neuilly, comme il veut. Mais la vraie “colonne vertébrale” de l'émission, c'était Norbert. C'est lui qui a fait d'un télécrochet de cuisine où on t'apprend à sublimer le chorizo une émission qui en a dans le slip. C'est lui qui a fait le buzz et boosté les audiences d'une émission longue, longue comme la cuisson d'une grosse daube (3 heures chaque semaine pendant 11 semaines).
A en croire Norbert, les chefs du jury ont filé leur carte de visite à tous les candidats… sauf à lui. Mais on s'en fout, parce que nous, on aime plus la télé que les déglaçages de ris de veau et on sait que le vrai vainqueur de cette année, c'est Nono…