LA DIX GRÂCE
D'abord, une bonne nouvelle ! Il fait jour à 8h00. Presque. Et quand c'est pas trop couvert…
Bon ok, c'est pas gagné, mais on tient le bon bout.
Sinon, j'ai lu un livre. Ouais, je sais, j'ai trop une vie de guedin. C'est La petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon (Actes Sud). Le bouquin raconte la vie de Nadia Comaneci. C'est un sujet en or massif, comme les médailles accumulées par la gymnaste roumaine.
Nadia Comaneci, c'est l'idole de mes 10 ans. Les JO de Montréal (te casse pas les burnes à calculer mon âge, juste pense à me faire un cadeau d'anniv' pour mes 48 ans. C'est le mois prochain.), ces "perfect 10" qu'elle accumulait avec la grâce d'un lutin survolté, sa bouille adorable.
Mes copines d'école et moi, on s'était prises de passion pour Nadia et la gymnastique. J'adorais aussi Natalia Chapochnikova, reine de la poutre, petite Ukrainienne au regard asiatique. D'autres préfèraient sa compatriote Nellie Kim.
Plus tard, je me suis intéressée aux pays d'Europe centrale et des Balkans. J'ai fait un séjour en Roumanie. C'était huit ans après la chute du dictateur. Je suis partie en courant au bout d'un mois, apeurée par l'âpreté de la vie là-bas, et par les meutes de chiens errants. Bref, entre mes centres d'intérêt d'enfant et d'adulte, c'était un livre à moi destiné.
J'ai pas trop accroché au parti pris formel de l'auteure : elle mêle enquête et fiction sans jamais faire la part des choses. Elle prétend notamment avoir eu des échanges épistolaires et téléphoniques avec Comaneci. Or, on comprend vite que c'est du gros mytho, comme dirait mes filles. Ça me saoule ce genre de confusion des genres, parce qu'on ne sait jamais si ce qui est écrit est fiable ou pas. En particulier, les témoignages qu'elle aurait recueillis en Roumanie sur la vie à l'époque des Ceausescu. Mais je veux pas en dégoûter les autres. D'autant que c'est bien écrit. Dans le genre “J'écris pas simple parce que je suis un vrai écrivain”.
Il m'a fallu plusieurs jours pour terminer ce livre. Pas parce qu'il m'ennuyait, mais parce que je passais mon temps à jongler du livre à l'iPad (c'est une image, bien sûr. Je balançais pas l'iPad au plafond. T'as vu le prix que ça coûte, ces conneries de tablettes !). Pour chercher des infos sur Nadia, Bela Karolyi, son invraisemblable entraîneur, d'autres gymnastes des années 70 et 80 : Olga Korbut (et son salto arrière, debout sur les barres asymétriques), Elena Muckina (qui s'est rompu le cou à l'entraînement juste avant les JO de Moscou, et dont on n'a plus entendu parler pendant toute la période soviétique).
J'ai revu jusqu'à satiété les "10 parfaits" de Montréal, que même les panneaux d'affichage électroniques n'avaient pas envisagés, affichant impertubablement la note de 1.00. J'ai regardé des images de sa défection, en décembre 1989, juste avant la chute du Conducator et de l'impayable Elena. Nadia a alors 27 ans. Elle est un peu ronde, maquillée comme une voiture volée, "managée" par un sale type à moustache. Quand elle parle, un rictus triste déforme sa bouche.
Après l'avoir adulée, l'Occident contempla avec hauteur cette jeune femme paumée, égérie d'une régime dont on découvrait à quel point il était grotesque et tragique. On regretta amèrement l'innocente petite fée roumaine à couettes. Et moi aussi, à l'époque, je m'étais dit qu'elle avait drôlement changé, Nadia Comaneci. Et pas en bien. Aujourd'hui, heureusement, j'ai appris l'indulgence. Seuls les êtres toxiques et manipulateurs suscitent ma haine. Remarque, ça fait déjà pas mal de monde.
Nadia Comaneci et son passeur-manager chelou, à leur arrivée aux Etats-Unis, en 1989.
Mais ce n'est pas là que je voulais en venir… De plus en plus souvent, quand je lis (ou que je regarde un docu ou un film à la télé), j'ai la tablette à portée de main. Déjà, j'ai téléchargé, gratuitement, le premier chapitre de La petite communiste… pour me faire une idée avant d'investir dans la version papier. Je ne me sens pas disposée à les lire intégralement sur liseuse ou tablette (iBooks, ça m'explose les yeux), mais c'est un bon moyen de choisir. Plus qu'un rapide coup d'œil, en librairie, sur la quatrième de couv' et la première page du livre.
Le mini ordi permet aussi d'enrichir la lecture par une recherche documentaire. On peut approfondir un sujet, ou chercher d'autres éclairages, comparer plusieurs versions d'un même événement. C'est aussi une façon de faire sienne l'œuvre d'un auteur.
La lecture 2.0 est dans la place !
Nadia Comaneci - Montreal '76
L'autre gymnaste, c'est Nellie Kim. Elle a obtenu la médaille d'argent au concours général.
Olga Korbut 1972 Olympics Uneven Bars
Sur Canalblog, on peut pas intégrer des vidéos de Youtube, où il y a pourtant une masse de documents.
Je te mets des liens sur :
le passage de Comaneci à l'Ouest,
l'entraînement des gymnastes soviétiques en 1978. Elena Mukhina est la petite rouquine qu'on voit en gros plan à 0'42. Natalia Chapochnikova apparaît à 1'10.
Si tu cherches, tu trouveras aussi un doc en quatre parties sur la rivalité Russie-Roumanie, des interviews récentes de Comaneci…