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Lame de fond
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14 janvier 2014

LA DIX GRÂCE

D'abord, une bonne nouvelle ! Il fait jour à 8h00. Presque. Et quand c'est pas trop couvert…
Bon ok, c'est pas gagné, mais on tient le bon bout. 

Sinon, j'ai lu un livre. Ouais, je sais, j'ai trop une vie de guedin. C'est La petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon (Actes Sud). Le bouquin raconte la vie de Nadia Comaneci. C'est un sujet en or massif, comme les médailles accumulées par la gymnaste roumaine.

1976-Montreal-nadia-comaneci

nadia-comaneci-1976

Nadia Comaneci, c'est l'idole de mes 10 ans. Les JO de Montréal (te casse pas les burnes à calculer mon âge, juste pense à me faire un cadeau d'anniv' pour mes 48 ans. C'est le mois prochain.), ces "perfect 10" qu'elle accumulait avec la grâce d'un lutin survolté, sa bouille adorable.

Natalia-Chapochnikova-ShaposhnikovaMes copines d'école et moi, on s'était prises de passion pour Nadia et la gymnastique. J'adorais aussi Natalia Chapochnikova, reine de la poutre, petite Ukrainienne au regard asiatique. D'autres préfèraient sa compatriote Nellie Kim.

Plus tard, je me suis intéressée aux pays d'Europe centrale et des Balkans. J'ai fait un séjour en Roumanie. C'était huit ans après la chute du dictateur. Je suis partie en courant au bout d'un mois, apeurée par l'âpreté de la vie là-bas, et par les meutes de chiens errants. Bref, entre mes centres d'intérêt d'enfant et d'adulte, c'était un livre à moi destiné. 

nadia-comaneci-Montreal-ap760719047-gaJ'ai pas trop accroché au parti pris formel de l'auteure : elle mêle enquête et fiction sans jamais faire la part des choses. Elle prétend notamment avoir eu des échanges épistolaires et téléphoniques avec Comaneci. Or, on comprend vite que c'est du gros mytho, comme dirait mes filles. Ça me saoule ce genre de confusion des genres, parce qu'on ne sait jamais si ce qui est écrit est fiable ou pas. En particulier, les témoignages qu'elle aurait recueillis en Roumanie sur la vie à l'époque des Ceausescu. Mais je veux pas en dégoûter les autres. D'autant que c'est bien écrit. Dans le genre “J'écris pas simple parce que je suis un vrai écrivain”. 

Il m'a fallu plusieurs jours pour terminer  ce livre. Pas parce qu'il m'ennuyait, mais parce que je passais mon temps à jongler du livre à l'iPad (c'est une image, bien sûr. Je balançais pas l'iPad au plafond. T'as vu le prix que ça coûte, ces conneries de tablettes !). Pour chercher des infos sur Nadia, Bela Karolyi, son invraisemblable entraîneur, d'autres gymnastes des années 70 et 80 : Olga Korbut (et son salto arrière, debout sur les barres asymétriques), Elena Muckina (qui s'est rompu le cou à l'entraînement juste avant les JO de Moscou, et dont on n'a plus entendu parler pendant toute la période soviétique).

J'ai revu jusqu'à satiété les "10 parfaits" de Montréal, que même les panneaux d'affichage électroniques n'avaient pas envisagés, affichant  impertubablement la note de 1.00. J'ai regardé des images de sa défection, en décembre 1989, juste avant la chute du Conducator et de l'impayable Elena. Nadia a alors 27 ans. Elle est un peu ronde, maquillée comme une voiture volée, "managée" par un sale type à moustache. Quand elle parle, un rictus triste déforme sa bouche.
Après l'avoir adulée, l'Occident contempla avec hauteur cette jeune femme paumée, égérie d'une régime dont on découvrait à quel point il était grotesque et tragique. On regretta amèrement l'innocente petite fée roumaine à couettes. Et moi aussi, à l'époque, je m'étais dit qu'elle avait drôlement changé, Nadia Comaneci. Et pas en bien. Aujourd'hui, heureusement, j'ai appris l'indulgence. Seuls les êtres toxiques et manipulateurs suscitent ma haine. Remarque, ça fait déjà pas mal de monde.

Comaneci-Panait

Nadia Comaneci et son passeur-manager chelou, à leur arrivée aux Etats-Unis, en 1989.

Mais  ce n'est pas là que je voulais en venir… De plus en plus souvent, quand je lis (ou que je regarde un docu ou un film à la télé), j'ai la tablette à portée de main. Déjà, j'ai téléchargé, gratuitement, le premier chapitre de La petite communiste… pour me faire une idée avant d'investir dans la version papier. Je ne me sens pas disposée à les lire intégralement sur liseuse ou tablette (iBooks, ça m'explose les yeux), mais c'est un bon moyen de choisir. Plus qu'un rapide coup d'œil, en librairie, sur la quatrième de couv' et la première page du livre.
Le mini ordi permet aussi d'enrichir la lecture par une recherche documentaire. On peut approfondir un sujet, ou chercher d'autres éclairages, comparer plusieurs versions d'un même événement. C'est aussi une façon de faire sienne l'œuvre d'un auteur. 
La lecture 2.0 est dans la place ! 

Nadia Comaneci - Montreal '76

 L'autre gymnaste, c'est Nellie Kim. Elle a obtenu la médaille d'argent au concours général.

 

Olga Korbut 1972 Olympics Uneven Bars

 

Sur Canalblog, on peut pas intégrer des vidéos de Youtube, où il y a pourtant une masse de documents.
Je te mets des liens sur :
le passage de Comaneci à l'Ouest,
l'entraînement des gymnastes soviétiques en 1978. Elena Mukhina est la petite rouquine qu'on voit en gros plan à 0'42. Natalia Chapochnikova apparaît à 1'10.

Si tu cherches, tu trouveras aussi un doc en quatre parties sur la rivalité Russie-Roumanie, des interviews récentes de Comaneci…

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Commentaires
I
Lola Lafon ne prétend pas avoir eu des échanges avec la mythique gymnaste ; elle précise dans l'avant-propos p.9 que ce livre "ne prétend pas être une reconstitution historique" et que les échanges entre la narratrice et Nadia Comaneci sont "une fiction rêvée". <br /> <br /> <br /> <br /> Ceci dit, je doute que, même en ayant en tête que ce genre de biographie est une fiction, le lecteur ne finisse pas par confondre histoire et fiction. A ce titre, ce type de livre entraîne bien une confusion des genres quelque soit les précaution prise par les auteurs des romans de ce genre.
L
les exploits sportifs ne te faisaient pas rêver ?<br /> <br /> <br /> <br /> Jamais ! Ça ne m'a jamais fait rêver.<br /> <br /> Ce qui me faisait vibrer, c'était la conquête de l'espace, Laïka, Luna I, les fusées Atlas-Convair.<br /> <br /> Bref que des trucs à se casser la gueule...<br /> <br /> Et finalement ta question m'a donné le sujet de ma prochaine note.<br /> <br /> Merci.<br /> <br /> Quand se voit-on ?
L
@Sacrip'Anne : Y'a pas de mal à se faire du bien ! :)<br /> <br /> <br /> <br /> @Le Goût : Dans son livre, Lola Lafon renvoie dos à dos, et à juste titre, pays socialistes et pays capitalistes. Les sportifs étaient dopés, "hormonés" (les gymnastes recevaient des injections pour retarder leur puberté, les athlètes féminines étaient "masculinisées") au nom de l'idéologie politique (on peut d'ailleurs utiliser le présent pour la Chine). <br /> <br /> En Occident, point d'idéologie, sinon économique : ce sont les sponsors qui font la loi. Et au nom de l'image des marques et du profit, les sportifs sont poussés au-delà de leurs limites, parfois à l'aide de substances et de méthodes toxiques.<br /> <br /> Toutefois, pour être complètement honnête, certaines de ces gymnastes, aujourd'hui quadra ou quinqua, sont heureuses d'avoir "été distinguées" dans leur pays à l'époque de la guerre froide. Cela leur a permis de voyager, d'être adulées chez elles et à l'étranger, d'avoir des avantages que leurs compatriotes n'avaient pas. Certaines (notamment des élèves de Karolyi) se plaignent encore des mauvais traitements subis (par exemple Emilia Eberle : http://gymblog.wordpress.com/2008/11/19/eberle-says-karolyi-beat-her-pozar-confirms), mais d'autres parlent avec nostalgie de cette époque. La réalité n'est jamais aussi blanche ou noire qu'on aimerait le croire pour coincider avec nos propres croyances. <br /> <br /> <br /> <br /> Même quand tu étais môme, les exploits sportifs ne te faisaient pas rêver ?
L
Déjà, je n'aime pas le sport.<br /> <br /> Ensuite, pour le peu que j'ai lu de l'élevage intensif de sportifs, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, je suis bien content de n'être pas sportif.<br /> <br /> On devrait envoyer en taule tous ceux qui fabriquent des sportifs de haut niveau.<br /> <br /> Ce n'est pas du sport, c'est de la barbarie.<br /> <br /> (sans compter les modifs biologiques qu'on leur fait subir.)
S
Des livres et des outils qui ouvrent des portes, y a rien de mieux, je trouve. (Et rien de pire que les toxiques manipulateurs, on est bien d'accord).
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