BRANCHÉES
Je suis loin de me considérer au top de la maternitude... Je suis autoritaire, souvent irritable, stressée et stressante. Bref, c'est pas tous les jours la Foire du Trône à la zonmai. Mais là où j'assure grave, quand même (faut bien que je m'accorde un satisfecit de temps en temps), c'est au niveau des sorties et des loisirs. Punaise, je leur dégotte des trucs d'enfer.
Sur Internet, je lis parfois des “blogs de maman active”. Style : “J'ai 32 ans, j'habite avec mon mari, directeur d'une agence de pub, un coquet duplex de 200 m2 à Bastille. Je suis la mère hyperactive et mégabranchée de Zadig et Héloïse, deux loulous de 3 et 10 ans, et je leur dégotte des super plans que je veux partager avec toi, lectrice adorée, mais nettement moins hype que moi.”
Au final, elles n'en font pas tant que ça avec Didig et Lolo, et une fois sur deux, leurs “super plans” sont sponsorisés et pas testés. Pipeau, leur truc. Et moi, faut que j'arrête de lire ces conneries !
Bref, le week-end dernier, nous avons donné dans le culturel, avec la Nuit Blanche au 104, dans le XIXe. Il y avait des activités prévues pour les nains. Notamment, une animation proposée par Matali Crasset, une designer très inventive. Elle a l'air assez réservée, mais elle maîtrise les médias à la perfection. Je l'ai vue à l'œuvre avec une équipe de France 2... Et hop, et que je me place dans le champ de la caméra comme si c'était un pur hasard. Tout un art !
Et dimanche, nous nous sommes initiées à l'accrobranche dans le Val-d'Oise. Je savais que Nausicaa allait kiffer grave ! Mais Aurore, miss Chochotte, a beaucoup aimé aussi. Et moi, je me suis prise au jeu. Pourtant, je suis pas douée pour ces trucs-là. En sport, sortie de l'eau chlorée et du bitume, je suis bonne à rien.
Nous avons fait deux parcours faciles toutes les trois. Et j'ai enchaîné par un parcours un peu plus difficile avec Nausicaa. Genre, tu marches sur un câble, les bras en l'air, mains accrochées à un filin qui te lacère les jointures des doigts. Ou tu descends en tyrolienne, les mains sur une poulie, elle-même reliée à ton baudrier calé autour du bassin, les jambes en équerre pour amortir la réception.
Sur un des parcours “faciles”, j'ai emmêlé les lanières de mes mousquetons dans un cordage, et me suis retrouvée coincée, assise sur une espèce de luge, à 5 mètres du sol. J'ai eu des moments plus glorieux dans ma vie... Peu, mais j'en ai eu.
Mais le pompon, ce fut le final du dernier parcours.
Là, la tyrolienne t'expédie direct dans un grand filet dressé comme une toile d'araignée vingt mètres plus loin. De toute façon, tu peux pas reculer... Alors, tu descends, les mains crispées sur cette putain de poulie. Le truc prend de la vitesse. Tu cherches vainement un frein. Et splash ! t'atterris comme une bouse dans le filet, les mains en avant. Tu te râpes la paume et te bousilles trois ongles. Mais la bonne nouvelle, c'est que tu es vivante ! Mais là, faut encore attendre, comme une grosse mouche piégée dans la toile, que ta fille s'encastre à son tour dans le filet pour l'aider à enlever sa poulie et à fixer ses mousquetons sur le filin de sécurité. Et ça dure, ça dure... Nausicaa a du mal à accrocher sa poulie au départ... En plus, t'es flippée à l'idée qu'elle se fasse mal. Penses-tu ! Elle descend comme une fleur et s'agrippe au filet sans sourciller. Limite, elle a pas besoin de toi pour se sortir de ce guêpier.
Le parcours est terminé... Ça fait trois heures que tu joues les kékés dans les branches. “Trop bien ! s'exclame la chair de ta chair. On en fait un autre, Maman ?” Et là, tu retrouves ta nature profonde de reine des faux-culs : “Ça fait plus d'une demi-heure qu'Aurore nous attend en bas... C'est déjà bien gentil de sa part... On va quand même pas la laisser encore toute seule. Et puis, le parc ferme dans une heure. Ça ne va pas vous laisser le temps de prendre votre goûter et de jouer dans le château gonflable.”
Ta progéniture obtempère à regret et toi tu songes aux courbatures que tu vas te fader demain…