L'ÉCOLE RÉPUBLICAINE, LE HIC
Un des critères essentiels pour choisir mon appartement a été le secteur scolaire. A 93-City, mes filles fréquentaient une école ghetto. Et quoi qu'en disent les bonnes âmes, qui généralement habitent et scolarisent leurs enfants ailleurs, le niveau et l'ambiance scolaires n'étaient pas satisfaisants. Nausicaa était même ostracisée par certains de ses camarades. Notamment pour des raisons religieuses. Ou, en tout cas, sous des prétextes religieux.
“On travaille beaucoup plus dans cette école !” me dit Nausicaa ce matin.
“Et tu sais pourquoi?”
“Ben oui, dans mon ancienne classe, le maître passait plein de temps à arranger les problèmes. Il y avait des élèves qui criaient, qui couraient… Après, il ne restait pas beaucoup de temps pour travailler.”
Selon elle, il y avait cinq ou six élèves “perturbateurs” dans son ancienne classe. Contre un seul ici, que l'instit' n'a pas de mal à maîtriser.
Je m'inquiétais pour son niveau. Pas de souci en maths et en français. C'est sur les disciplines “annexes” que cela pèche. A Neuftrois-City, elle avait étudié une seule leçon d'histoire, contre une dizaine pour ses petits camarades de Neufdeux-Town. Et c'est la même chose en géo ou en sciences.
Je pense que c'est significatif des choix pédagogiques que font les enseignants des quartiers difficiles (mais Beloubelette pourrait le dire mieux que moi), contraints et forcés : ils concentrent leurs efforts sur les matières fondamentales. Du coup, le reste est réservé aux gosses mieux lotis socialement. Qui bénéficient déjà souvent d'un environnement culturel stimulant. Et le fossé s'élargit comme jamais.
Je suis soulagée d'avoir sorti mes filles de cette nasse, mais infiniment attristée face à ce terrible constat d'échec de notre société.