PERTES ET PROFITS
Je vous ai dit que j’aimais la télé ? Je lui dois beaucoup. Elle a meublé les nombreux moments de solitude de mon enfance. Elle m’a fait aimer le bon cinéma (Ciné-club, Cinéma de Minuit, Cinéma Cinémas, Etoiles et toiles…), les livres (Pierre Dumayet, Pivot), le rock (Les enfants du même nom)… En bref, elle m’a ouvert des horizons, alors que je vivais dans une famille aimante, mais où la culture n’avait pas sa place. Et elle m'a aussi aidée à (presque) perdre mon accent auvergnat.
Aujourd'hui, je regarde surtout des séries, des séries grand public (Les experts, Le mentaliste, Cold Case). Et figurez-vous que ça continue de m'enrichir. Ainsi, je paume sans arrêt des trucs. J'ai dû renoncer aux parapluies, leur durée de vie à mes côtés ayant rarement dépassé les 24 heures. Vendredi, au bureau, je me suis aperçu que j'avais égaré une de mes deux créoles. Jusqu'à ma conversion (tardive) aux Experts, j'étais résignée face à ce genre d'événements. J'attribuais même une espèce de pouvoir magique à ces objets : s'ils disparaissaient, c'était pour ne pas réapparaître. Limite s'ils ne le faisaient pas exprès pour m'emmerder.
Grâce à Calleigh, Horatio Caine ou Grissom, j'ai désormais pleinement conscience que rien ne se perd, rien ne se crée (d'autres l'avaient dit avant, mais ils ne passaient pas à la télé, ce qui limite la portée du message). Ou, dit d'une autre manière, c'est forcément quelque part ! Suffit d'être logique et de bien chercher. Et ça marche. Ma créole était tombée dans le parking, au boulot, tandis que j'essayais d'enlever mon badge, accroché à mon cou et entremêlé à mon écharpe. Sans Les experts et leurs scènes de crime soigneusement inspectées, j'aurais même pas cherché. Et j'en aurais été fort marrie, car j'adore ces boucles d'oreilles.
Moralité : de toute chose, essayer de tirer la substantifique moelle. J'ai bien dit “essayer”… Et puis, dans certains cas, ça aide à relativiser.
A propos, j'ai bien hérité du vase et des gants…
Horatio, le saint patron des boucles d'oreilles perdues.