Cheveux être belle, épi c'est tout !
J'avais prévu de vous parler de Cetelem. Mais l'actualité commande. Et l'urgence aussi. Car je sors du coiffeur (à cause de mes activités piscinesques intenses, je ressemblais à un vieil O-Cédar réformé). Et Dieu sait que je suis pas trop exigeante en la matière, vu celle de mes cheveux (de matière). Mais là, il faut dire les choses telles qu'elles sont, je viens de subir un attentat capillaire.
J'ai les cheveux ultracourts – jusque-là tout va bien, c'est ce que je voulais – mais jaunes et noirs. Plus précisément jaune poussin dessus et noirs dessous.
Quand j'ai montré le modèle sur le catalogue de cheveux, j'ai dit : “Je veux cette coupe !” Mais j'ai pas dit : “Je veux cette couleur !” (le mannequin était blond décoloré). Or, la fille qui s'est chargée de me massacrer les fibres capillaires n'avait manifestement pas assez de synapses pour traiter cette masse d'informations. Elle m'a dit : “Très bien cette coupe pour vous. Et après, je vous ferai un glaçage !” J'ai pensé que c'était un nouveau soin pour faire briller les cheveux et adhéré de bon cœur à cette innovation qui faisait songer à une décoration pâtissière. Ah ! Mon caractère aventureux me perdra…
J'ai vite compris qu'elle avait pas inventé le gel fixant... Elle disait des trucs totalement à côté de la plaque (à défriser, peuf peuf). Style, au bac à shampoing, elle me demanda : “L'eau n'est pas trop chaude ?” “Non”, répondis-je, avec ce sens de la répartie qui me caractérise. “Magnifique !” conclut-elle. Magnifique ? Oula... elle avait trop inhalé de fixateur, me dis-je. Puis, pendant la coupe : “Je ne vous tire pas les cheveux ?” “Non, ça va”, répliquai-je, toujours très en verve. “Génial !” s'enthousiasma-t-elle derechef. Voilà une bonne nature, pensai-je. Je ne me doutais pas, alors, que cette insuffisance neuronale aurait bientôt raison de ma dignité crânienne...
Ça a commencé à sentir le pâté, ou plutôt l'ammoniac, quand elle m'a appliqué une patouille blanchâtre sur les pointes, et qu'elle m'a laissée griller une demi-heure sous un casque mobile (un truc qui tournait autour de ma tête pendant que je lisais Madame Figaro – je venais de finir Marie-Claire. Le jour où on trouvera Courrier International chez le coiffeur, vous me ferez signe !)
En rinçant la patouille, mon intellectuelle du bac à shampoing s'extasia plus que jamais à coups de “magnifique, génial !”, manifestement ses deux mots préférés. Quand j'ai découvert le résultat, devant le miroir, j'ai trouvé que ma nouvelle couleur mettait admirablement mes cernes en valeur. Mais ma coiffeuse avait l'air vraiment satisfaite d'elle. “Ça vous plaît ?” m'interrogea-t-elle quand même pour le principe, le sourire jusqu'aux oreilles. “Ben, disons que je suis un peu surprise, faut que je m'habitue…” Sentant mon malaise, sa chef vint à sa rescousse : “Ah vraiment très bien !” Du coup, je me suis demandé si c'est moi qui avais de la merde dans les yeux, j'ai payé et je suis partie sans plus de commentaires...
Arrivée à la maison, je me suis re-regardée, et je confirme : c'est juste super raté.
Alors, pour me changer les idées, j'ai ouvert Voici, et là, le choc : j'ai réalisé que ma coiffeuse m'avait fait la coiffure de Laeticia Hallyday.
Et, soudain, un doute m'étreignit : la capillicultrice écervelée et la Yoko Ono française seraient-elle de mèche (re peuf peuf) ? Serait-ce un vaste complot pour blondifier et décérébrer la planète ? Mon Dieu, je sens déjà les premiers effets : je ne trouve pas de chute à mon billet…
(Derrière, c'est une plante verte, pas une barrette palmier !)