SUPER NORBERT, L'HOMME CHAUVE SOURIT
Un jour, on devient norbertologue, et c'est comme entrer en religion. Par ferveur, par passion, on choisit de sacrifier ses lundis soirs pour observer son objet d'études dans son milieu naturel, l'émission Top Chef, et relever ses saillies comme autant de perles brutes. Mais la désillusion peut être à la hauteur de l'enthousiasme initial.
Hier, Norbert, tu m'as déçue… Non, tu n'as pas su revisiter le poulet pour les tennismen. Pourtant avec Jo-Wilfried Tsonga, qui se nourrit habituellement de Kinder Bueno, la partie s'annonçait facile. Tu n'as pas su, non plus, sublimer l'œuf en trois textures pour le jury. T'as total ken ton omelette japonaise. Et ça, avec le chef Thierry Marx, qui est ceinture noire de karaté (mais depuis, il a un peu grossi. Il fait le beau avec ses recettes exotiques light, mais à mon avis, il bouffe aussi de la choucroute), ça pardonne pas.
Et ne parlons pas de cette pathétique décoration pour ton projet de restaurant avec Noémie. Pourtant tu te doutais que vous alliez dans le mur : “Noémie nous a fait un monde très nature, on se croirait au pays des Schtroumpfs.” Une fois de plus, le sens de l'amitié a failli t'être fatal. Il faut être plus dur, Norbert. Regarde Jean, avec ses légumes à la con et son air sournois. Eh ben, c'est pas qu'un air. Cyril est pourtant dix fois meilleur que lui. Or, devine qui va gagner ?
Je sais, le règlement était particulièrement injuste. Mais n'oublie pas, tu es le grand Nono, tu es plus fort que tous les règlements. N'as-tu pas dit de ta veste de cuisinier que c'était “la cape de Superman, l'habit de lumière de Batman…” Est-ce que Batman se préoccupe du règlement qui interdit aux chauves-souris d'arborer des collants moule-burnes à paillettes ? D'ailleurs, tu as enfoncé le clou : “Quand je revêtis ma veste, c'est un super pouvoir que je me donne.” Tu vois, même la grammaire n'a pas prise sur toi !
Tu avais pourtant retrouvé ton fidèle Robin, pardon Julien, le temps d'une épreuve. “Si Tabata elle nous aurait pas donné Julien, Norbert il aurait pété un câble”, a commenté Noémie qui partage avec toi une évidente gentillesse et un sens approximatif de la syntaxe.
Las ! en dépit de ces prémices pleins de promesses, la suite fut décevante. Hormis tes super pouvoirs pour négocier les prix chez les grossistes : "Vous m'offrez l'huile de noisette ? Je vous fais la bise…" Et avec la vendeuse qui t'a fait un prix sur les tables de restaurant : "Je t'adore ! Je sais pas ce qui me retient de te prendre sur le bureau, Maman !" Un Norbert, ça ose tout. C'est même à ça qu'on le reconnaît.
Mais cela n'a pas suffi. Et cette fois encore, tu as franchi sans éclat l'obstacle de “la dernière chance”. Ton plat n'était même pas totalement raté, malgré une utilisation “au freestyle” du fumoir (un machin qui ressemble à un sèche-cheveux et qui donne un goût fumé) : “Y'avait de la fumée partout, j'ai cru que j'organisais une soirée jamaïcaine !”
La prochaine fois, l'humour ne suffira pas. Alors gagne ou perds, mais fais-le avec panache, redeviens Super Norbert, que je rame pas ma race pour trouver un angle potable à mon prochain billet…
Nono (Norbert) et Nono (Noémie) apprennent que leur restaurant n'ouvrira pas ses portes. Les potentiels clients ont fait demi-tour en découvrant la déco toute naze. S'ils avaient vu le dessert qu'avait prévu Noémie, ils seraient entrés, ces blaireaux ! Norbert s'arracherait bien les cheveux, mais bon…